VOUS DEVEZ ACTIVER JAVASCRIPT SUR VOTRE NAVIGATEUR POUR VOIR LE SITE DE LA BIENNALE 2010. MERCI.
1
1
Exposition / La Ville mobile_
Commissaire / Constance Rubini_
Comment les nouveaux enjeux liées au développement durable influent-ils sur notre façon de nous déplacer ? Dans un monde en mouvement perpétuel, quels sont les lieux où l’on peut encore prendre le temps de le perdre ? Comment les applications de la révolution numérique façonnent-elles les nouveaux comportements urbains ? Par quels moyens un designer, un urbaniste ou un élu peut-il tenter d’intervenir sur cet organisme vivant qu’est la ville ?
Toutes ces questions se rapportent à la notion de culture urbaine, que l’exposition ne cesse d’interroger et d’enrichir, dans une tentative d’esquisser le visage des villes de demain.

L’exposition La Ville mobile nous propose un voyage au sein des métropoles contemporaines, cités en extension dans lesquelles les impératifs et les exigences liés à la mobilité engendrent une vision inédite de notre environnement.
Par des centaines d’images, des objets atypiques, des projets ambitieux, l’exposition nous invite en six étapes à plonger dans ce monde en mouvement perpétuel qui est le nôtre:

La ville, un espace palpitant, collectif, partagé
Lieu de rassemblement de millions d’individus, qui y vivent, y travaillent, s’y déplacent chaque jour, la ville n’est pas un simple cadre de vie mais également un espace à s’approprier de manière collective, lors de grandes manifestations ou de rendez-vous réguliers, autour d’événements emblématiques. Marathons traversant New York ou Paris, fêtes de la musique, carnavals ou défilés de la Gay Pride, chacune de ces activités contribue à la définition de l’identité d’une ville et à son appropriation par sa population.

En dépit de cette saturation, avoir du plaisir à se mouvoir en ville
Dans une mégapole saturée, où les transports en commun ne suffisent pas toujours à combler toutes les attentes, où la voiture est tributaire de l’encombrement des voies, la nécessité de se déplacer ne saurait se limiter à une activité contraignante. Le citadin est face à une multiplicité de choix avec lesquels il peut composer à sa guise selon ses envies et son emploi du temps. Voitures hybrides, transports en commun écologiques et innovants, vélos, sports urbains, tous ces modes de locomotion contribuent à faire de la mobilité un nouveau terrain de liberté.

Comment la ville influe sur notre perception du temps
L’espace urbain est celui d’une course à la rentabilité du temps. Chaque distance est estimée non plus en nombre de kilomètres mais en nombre de minutes qu’il faut pour la parcourir. Cette logique capitaliste mène à des conceptions de transport toujours plus rapides et plus efficaces. L’emploi de nouvelles technologies participe également à cette accélération des déplacements et des rencontres. Mais ne pourrait-on pas envisager, à l’opposé, un mouvement de ‘slow déplacement’ ? Circuler en ville ne serait plus une obligation mais un plaisir, celui de la contemplation, de la flânerie, de la culture physique. Les politiques urbaines vont d’ailleurs dans ce sens, en plaçant le piéton au centre de leur réflexion et en renforçant ces lieux de respiration que sont les espaces verts, parcs, quais et promenades urbaines.

Retrouver l’essence de l’espace public, un lieu de partage, de rencontres et de gratuité.
La ville est le lieu de rencontres spontanées et festives, elle est régulièrement investie par ses habitants qui s’approprient l’espace public en en revendiquant sa gratuité. Une partie de foot s’organise sur une place, l’esplanade du centre Pompidou devient la scène de spectacles de rue, les chaises investissent Broadway le temps d’un été. La place vit au rythme des manifestations qui s’y succèdent, le marché, les parties de pétanques, le cinéma en plein air,… et bien que les malls et les gares soient devenus les nouveaux centres urbains, la place reste néanmoins emblématique de la ville pensée comme lieu de convivialité et de collectivité. Les designers et architectes s’efforcent de la rendre accueillante : faire une pause en ville à l’heure du déjeuner, entre deux rendez-vous, trouver un endroit pour travailler, être au calme c’est aussi ce que doit pouvoir offrir la ville à ses habitants.

Quelle politique pour l’espace public et le mobilier urbain ?
Si la rue semble constituer le dernier endroit véritablement gratuit, elle ne constitue pas encore pour tous un espace de liberté et d’égalité. Entre la nécessité de fournir aux piétions des équipements indispensables à la vie urbaine et la peur de voir des populations jugées indésirables s’en emparer, les politiques publiques font souvent des choix discutables. Mobilier dissuasif, multiplication des caméras dans l’espace urbain, signalétique autoritaire sont autant de dispositifs qui font de la rue le lieu d’une mise en mouvement obligée du corps. Un certain nombre d’artistes et de designers insistent sur la nécessité de prendre en considération ces populations en marge, en dénonçant leur exclusion et en proposant des solutions d’habitats nomades ou d’espaces partagés.

Alors comment agir sur cet organisme vivant qu’est la ville ?
Intervenir sur l’atmosphère de la ville ne se fait pas uniquement par l’implantation de nouvelles structures ou mobilier. Les signes légers, diffus, changent de manière sensible le rapport entretenu avec la ville. Ils sont une façon, de la part des politiques, de mettre de la courtoisie et de l’attention dans la façon dont ils s’expriment à la population. Au de-là des infra structures mises en place, ce sont également souvent les interventions ponctuelles, à doses homéopathiques ou les signes de faibles intensités se greffant sur des micro phénomènes, qui contribuent à la réussite d'un projet urbain. Le travail du designer se situe dans l’observation, l'intelligence du projet résulte d'une compréhension et d'une entente communes entre la ville et ce dernier. Cinq designers, graphistes, architectes ou paysagistes nous présentent leur façon d’envisager la ville à travers cinq projets spécifiques :

• Laurence Madrelle à Yverdon- les- Bains, Suisse
• Ruedi Baur à Montréal, Canada
• Urban Think Tank à Caracas, Venezuela
• Michel Corajoud à Bordeaux, France
• Alexandre Chemetoff à Saint-Etienne, France

Des utopies réalisables
La ville a été rêvée, scénarisée, fantasmée au fil des siècles. Des aéronefs accrochés au tour de la tour Saint-Jacques, d'Albert Robida, aux Walking Cities d’Archigram, des illustrations futuristes américaines des années 1950 à la réalité augmentée, la ville est génératrice d’inventions extraordinaires et de fictions critiques. Et si ces visions nous apparaissent parfois insensées, elles n’en sont pas moins le terreau de projets futurs et d’utopies parfois réalisables….
Soyuz Chair,
Nelly Ben Hayoum

Crédits: Nick Ballon