SITE LE CORBUSIER (Firminy)

Lors du dernier hommage à Corbu, André Malraux disait: "On dira toujours devant un immeuble moderne, c'est du Le Corbusier". Les "100 chaises en 100 jours" de Martino Gamper ont tant marqué les esprits qu'on entend déjà au loin devant une chaise re-construite à partir d'autres : "c'est du Martino Gamper". Lui et ses 100 soldats de bois, de plastique et de métal méritaient d'être invités en France. C'est aujourd'hui chose faite, en l'église de Firminy. L'invitation rappelle au monde que l'architecture selon Corbu, peut aussi se faire meuble selon un "jeu savant, correct et magnifique, de formes assemblées dans la lumières". Martino Gamper, rêveur rationnel, semble oublier mais n'oublie pas l'élan sacré de ses re-compositions. Ses chaises ne sont pas seulement des chaises mais des rappels équivoques, des monstres vénérables re-construits à partir d'icônes et d'incunables qui ont subi l'outrage du bug, de la destruction et du démembrement. "La gloire semble ici trouver à travers l'outrage son suprême éclat". Ces 100 assises métamorphiques sont comme des hommages, elles racontent des histoires, révèlent des uchronies, évoquent des origines. Si Corbu "assemblait au nom de la logique des formes arbitraires", Martino Gamper réinvente des formes au nom d'une dextérité et d'une précision innée. Il pratique le Replay, propose des réincarnations subites par des assemblages aussi spontanés que méthodiques. Ainsi après le chaos, il procède à l'édification de sièges nouveaux pour esprit nouveau: un siège renaît en une journée et une armée de 100 sièges en cent jours...
La phrase d'André Malraux à propos de Corbu se dit désormais au présent avec Martino Gamper : "Parce qu'il aime l'avenir, il métamorphose le passé des morts pour l'apporter au vivant".

Benjamin Loyauté

Benjamin Loyauté remercie Olivia de Smedt, Lorraine Gobin, Marie Besnier, Noémie Bonnet-Saint-Georges, Julien Géry, Eric Bordat et Yvan Mettaud, la Galerie Nilufar (Milan).